Épuisement ou Burn Out, pourquoi les soignants sont-ils une population à risque ?

Le Burn Out : Épuisement physique, psychique et émotionnel qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail émotionnellement exigent.

Par cette définition, on comprend facilement pourquoi nous sommes, les soignants, une population à haut risque ! En effet nous sommes des personnes sures investies, fortement engagées et passionnées. Et cela ne fait partie que des premiers facteurs de risques !

D’ailleurs, sur-investis… Une perception sujette à débat pour nous non ?

À quel moment passons-nous de « investie » à « trop investie » ?

De « passionnée » à « exploitée » Comment trouver la limite ?

Peut-on trouver l’équilibre entre ce que l’on peut donner et ce que l’on nous demande ?

Est-ce que le système nous le permet ? Posez-vous la question …

Les facteurs à risque du Burn Out

Pour faire le point sur les facteurs de risque, faisons le tour ensemble de ce qui nous met en danger dans notre propre exercice :

  • Image du soignant infaillible, et pourtant nous restons humain! 
  • Contrats de travail précaire et soumis à des chantages sous-entendus (CDD pris à parti sans cesse pour des remplacements imposés)
  • Absence de temps pour le développement personnel (pas de temps pour la vie perso… pas de projection due à un planning renouvelé et modifié sans cesse allant même jusqu’à parfois sans consulter l’agent concerné)
  • Absence de reconnaissance et de soutient de notre hiérarchie (même dans la galère, un « merci » peut faire l’effet d’une bouffée d’oxygène, et pourtant il est si souvent oublié !)
  • Confrontation récurrente à la souffrance et à la mort (Cela fait partie de nos missions certes, mais dans des conditions difficiles, cela peut avoir plus d’impact… !) 
  • Augmentation insidieuse de la charge de travail (sans parler du manque de bras en service ou ailleurs… Mais déjà de la charge administrative grandissante) 
  • Management néfaste, moyens techniques et humains plus qu’insuffisants.
  • Demande constante de performances, autant dans la qualité que dans la quantité des soins. 
  • Grosse valeur d’engagement et d’abnégation (sacrifice de soi-même, de son intérêt). Et celui-là est vraiment un boulet du passé de nos métiers. 
  • Imprécision des missions et/ou objectifs irréalistes
  • Pénibilité au travail (non c’est vrai ?) 
  • Stress permanent (au travail, mais qui nous suit aussi à la maison: angoisse du téléphone…) 
  • Insécurité (violences verbales et/ou physiques de la part des patients et /ou des familles)*
  • Évolution des soins de plus en plus chronophages
  • Injonctions contradictoires (prendre soin / faire des économies) ou conflit de valeurs

 

Faisons un petit point historique pour mettre en lumière notre passé

Pour ne prendre que les modifications les plus récentes, jusqu’aux années 1920, le métier d’Infirmière et d’Aide-soignantes était attribué d’office aux religieuses. Elles avaient pour VOCATION de soigner et veiller les malades. Je dis bien vocation. Leur vie entière était vouée à cette mission, qui leur octroyait uniquement le gite et le couvert.

Elles n’avaient pas à jongler entre leurs différentes casquettes de femme/épouse/mère/amie… etc. (ou bien sûr homme/mari/père/ami, etc.). Leur vie n’était pas faite de choix entre leur vocation et leur vie personnelle. Les valeurs véhiculées par les métiers eux-mêmes ont une force sous-estimée dans notre société, d’où la possibilité de ne plus se sentir à l’aise dans ce système où l’on nous demande tant de choses en même temps, sans nous en donner le temps justement. Une journée n’a que 24h… Et si tu penses comme moi, en semaines, elles n’en ont que 168 !

D’ailleurs, as-tu conscience du temps libre que tu possèdes sur une semaine ?… J’aurais plus tard un petit exercice pratique pour te mettre face à ta réalité, sans soucis de filtre de perception, afin de te faire prendre rapidement un peu de recul !

Les 3 phases du burn out

Pour en revenir à nos trois phases du burn out, j’aimerais te faire une explication en parallèle avec les 3 degrés de brûlure physique. Cette vision semble symbolique, mais elle est réellement appropriée ! 

Brûlure au 1er degré : Superficielle ou peu grave. Coup de soleil ou contact rapide et bref avec une source de chaleur. Évolue sur environ 4 à 5 jours 

Phase d’alarme : Le Stress aigu devient stress chronique. Apparaissent des symptômes comme la fatigue récurrente, les troubles du sommeil ou ruminations (ne pas arriver à arrêter de penser…) trouble de l’alimentation, trouble musculo-squelettique (qui n’a pas mal au dos ??) sentiment de tension constante, migraine, irritabilité, perte de patience…  

Brûlure au 2e degré : Apparition d’une ou plusieurs phlyctènes. Évolue en 10 à 15 jours

Phase de résistance (ou de désillusion) : On s’habitue par cet état de stress et finissons par ne plus le sentir. Les symptômes de la phase d’alarme disparaissent avec la sécrétion d’endorphine, dopamine, sérotonine et cortisol. L’organisme compense les pertes d’énergie, mais cette phase d’adaptation est le point de départ du déni. On pense qu’on va mieux parce qu’on neutralise les effets négatifs pour « survivre »…

Brûlure au 3e degré : Atteinte de toute la profondeur de la peau (derme + épiderme) Peau noire cartonnée et indolore Prise en charge hospitalière et le pronostic vital peut être engagé 

Phase de rupture : Le corps ne contrebalance plus les effets du stress chronique par épuisement, et les premiers symptômes réapparaissent, accompagnés d’un déni installé, mais aussi de nouveaux symptômes : – Dépersonnalisation, anesthésie émotionnelle – Manque de concentration et de disponibilité mentale – Perte de mémoires fréquentes – Modification du comportement, irritabilité cynisme – Perte d’énergie dans tous ses plans (physique, psychique et émotionnelle) – Perte de motivation sentiment de perte de sens – Isolement repli sur soi – Difficulté à ressentir de l’envie et perte de la capacité à se projeter.

Cet organigramme schématise de façon claire et concise l’évolution de cet état. Il n’est pas reconnu en tant que « pathologie » en tant que telle, mais il faut aussi bien le différencier de la dépression. Le burn out est considéré comme dépression si la dégradation du rapport au travail dépasse cette même sphère de vie. De façon plus claire, si ton cadre professionnel était amélioré par quel moyen que ce soit, ton stress et les répercussions qui en découlent disparaîtraient en même temps.

Si ce n’est pas le cas, il y a de fortes chances que cet épuisement soit une partie émergée de l’iceberg, et donc un autre sujet. Bien !

Après ces explications, le concept du Burn out te semble-t-il plus clair ?

T’es-tu reconnu dans une de ces phases ?

As-tu déjà essayé de compenser par quelque moyen que ce soit ?

Es-tu encore en capacité de prendre du recul ?

Gères-tu encore ton stress de façon efficace ?

Sais-tu encore être égoïste ou es-tu malgré toi en abnégation complète ? 

Si tu as des doutes il existe des tests que tu peux faire en quelques minutes : LE MASLACH BURN-OUT INVENTORY OU MBI LE COPPENHAGEN BURN-OUT INVENTORY OU CBI

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